Retour sur la Fête des chiens guides - Journée Portes Ouvertes
Evénements | Publié le jeudi 5 octobre 2023
Simba raconte sa journée Portes Ouvertes 🦮
Ce Dimanche 24 septembre, c’était la journée portes ouvertes à mon école des Chiens Guides du Grand Sud-Ouest Aliénor, située à Mérignac, près de Bordeaux. Je me nomme Simba. Golden Retriever, je suis né le 30 janvier 2021. J’ai fait toutes mes études primaires et secondaires dans cette école , c’est dire si j’étais heureux d’y revenir l’espace de quelques heures !
J’y ai revu mon professeur principal, Geoffrey, tellement sympa, et j’y ai revu aussi Christine, ma famille d’accueil, parce que, oui, pendant les 6 premiers mois de ma vie, j’ai vécu dans une famille d’accueil, souvenir formidable. J’y allais aussi chaque week-end et pendant les vacances jusqu’à mes 2 ans. Dire que je la regrette serait un euphémisme, vous allez comprendre, on ne choisit pas sa famille !
Durant mes études, j’ai appris à guider l’humain, oui, parce que, parfois, l’humain ne se suffit pas à lui-même, bien qu’il ait du mal à l’admettre…
Moi, je n’ai pas tout compris, mais le fait est que l’on m’a appris à faire éviter à cet humain-là les obstacles, à lui permettre de contourner les véhicules garés sur les trottoirs, à ne pas se cogner contre les bancs publics, bref, à le guider sans danger partout où il décidait de se rendre.
j’ai appris surtout qu’il ne fallait pas se fier aux apparences, car oui, mon professeur faisait mine de ne pas voir, pour que j’ai un motif de le guider. Drôle de jeu, mais bon, il parait qu’on apprend mieux en s’amusant…
Le plus fort est que, après, le même jeu a continué. Une fois ma formation achevée, à l’âge de 2 ans, j’ai été adopté par un humain répondant au nom de André. Celui-là aussi faisait semblant de ne pas voir, pour que je le guide comme j’avais appris. Les humains sont étranges, est-ce parce qu’ils sont loin du sol, debout sur leurs pattes arrières, qu’ils ne voient pas les obstacles ? Est-ce parce qu’ils sont mal réveillés ou pas réveillés du tout ? Bref, je l’ai guidé comme ça pendant quelques mois, on a appris à se connaître ; puis mon professeur a décidé qu’on allait bien ensemble et qu’il fallait qu’on reste unis.
Et cette journée porte ouverte a donc servi à officialiser notre union dans une fête chaleureuse, avec des micros et plein de gens, des crêpes et de la zic. André a remis à Christine son DNMC (Diplôme National de Maîtresse Chien) pour la bonne éducation civile qu’elle m’a inculquée. Entre parenthèses, c’est moi qui aurais dû lui remettre, André n’a rien fait dans tout ça… Passons…
C’est pas que ma vie soit galère chez lui, mais bon, on ne m’a pas demandé mon avis, c’est ça qui m’agace surtout. Et je ne suis pas le seul dans ce cas. Au cours de cette journée, on a officiellement confié d’autres collègues chiens guides à des humains de la même espèce, ceux-là qui font semblant de ne pas voir pour pouvoir roupiller pendant qu’ils se promènent…
Car oui, avec André on se promène tous les jours, moi aux aguets, lui somnolant sous son chapeau. Je lui permet ainsi de se balader sans qu’il se cogne, d’entrer quelque part par une porte plutôt que de prendre le mur, de contourner une poubelle plutôt que de plonger dedans… Bref, je le guide sur le chemin accidenté de sa vie somnolente.
Il parait qu’il ne dort pas, il parait qu’il ne voit pas pour de bon ! Je n’en crois rien, quand il est à la maison, il se déplace à toute vitesse, même que j’ai intérêt à me ranger quand il arrive parce que, là encore, il fait semblant de ne pas voir… A moins que ce soit vrai finalement, qu’il ne voit pas ? Je commence à me poser la question, que je finirai bien par éclaircir un jour ou l’autre. En attendant, je fais mine d’y croire, puisque c’est ce qu’on me demande..
Ma vie n’est pas drôle. Outre ce travail harassant de devoir toujours faire attention à lui, je dois manger quand il me le dit, même si j’ai les croquettes sous le nez, je dois pas manger mes crottes, même si elles sont bonnes, je dois aller me faire peser, même si je sais pertinemment que je n’ai pas grossi, et si je ne suis pas content je n’ai qu’à aller me faire brosser, c’est d’ailleurs ce qu’il se passe couramment…
Evidemment, j’ai des croquettes supérieures, dinde et poulet, sans céréales parce que je ne les digère pas, j’ai un tapis grand comme le champ de Mars, j’ai des plats en acier inoxydable, j’ai de l’eau à volonté, j’ai des jouets et des machins à ronger, j’ai des vaccins contre les parasites et contre les vers, contre la rage et d’autres choses encore. André joue avec moi des fois, il me fait chaque soir un massage avant de m’endormir et ça me fait du bien aux articulations, il me caresse souvent… Son épouse Martine me donne parfois en cachette une croûte de fromage et souvent on sort promener tous les trois, sans que j’ai besoin de guider, c’est Martine qui s’en charge.
Je dois dire aussi que je vais plusieurs fois par semaine à la plage, j’aime bien me tremper pour, ensuite, me rouler dans le sable et faire des bonds avec un bout de bois dans la gueule, ça au moins ce sont de vrais jeux, pas comme faire semblant de ne rien voir ! Des fois aussi on va en forêt, c’est cool ça aussi…
Bon, finalement, je me rends compte que ma vie n’est pas si galère que ça, c’est en disant les choses qu’on en prend conscience, n’est-ce pas… Cette journée porte ouverte, où je n’ai pas eu le droit de m’exprimer dans le micro, aura au moins servi à ça, à ce que je prenne conscience que ma vie de chien guide est quand même plus cool que je le pensais… Comme quoi, ça sert de faire des études…